Le principe d'égalité
On dit que les hommes sont tous différents et tous
égaux. Comment concilier ces deux idées ? Comment les traduire dans la loi et
dans la réalité ?
1. « Égaux en dignité et en droits »
Le principe d'égalité est aujourd'hui reconnu par tous
les pays démocratiques. C'est là une conquête, le résultat de
luttes politiques. Le principe d'égalité a été proclamé dès 1776 dans la
Déclaration d'Indépendance des États-Unis et dès 1789, en France, dans la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Mais il a continué à être
bafoué, comme dans l’Allemagne nazie dans les années 1920 à 1940, ou par le
régime de l'apartheid en Afrique du Sud, jusqu'en 1990.
Le principe d'égalité n'ignore pas les différences entre
les hommes et ne cherche pas à les éliminer. Il affirme simplement que, quels
que soient leur sexe, leur âge, leur origine, leur culture, leur état de santé,
leur degré d'éducation, leur rôle dans la société, les êtres humains sont
d'abord des êtres humains, dont il faut respecter la dignité. Il affirme
aussi qu'à cette dignité humaine sont attachés, par nature, des droits
fondamentaux (droits naturels) qui sont les mêmes pour tous et que l'on ne
peut retirer à personne : liberté personnelle, liberté de conscience, liberté
d'expression, respect de l'identité, droit à une vie de famille et à une
éducation. C'est ce qu'exprime la Déclaration universelle des droits de l'homme
adoptée en 1948 par les Nations unies : « Tous les êtres humains naissent libres
et égaux en dignité et en droits ».
2. L'égalité devant la loi
Une des conséquences du principe d'égalité est que les
règles doivent être les mêmes pour tous. La Constitution actuelle
de la France reprend la Déclaration de 1789 et veille à ce qu'aucune loi
nouvelle ne viole le principe d'égalité.
L'égalité devant la loi est elle aussi une conquête,
mais une conquête inachevée : il peut y avoir un décalage entre le principe
et la réalité. La France n'a définitivement aboli l'esclavage qu'en 1848
— presque soixante ans après la Déclaration de 1789. En France également,
l'égalité entre l'homme et la femme a mis du temps à être reconnue : le suffrage
universel masculin est entré en vigueur en 1848, le droit de vote des femmes en
1944 seulement. Dans de nombreux pays étrangers, aujourd'hui encore, l'égalité
n'est restée qu'au stade de principe pour les femmes ou pour les minorités
culturelles ou religieuses.
3. La lutte contre les inégalités
Le décalage entre principe et réalité ne disparaît pas
forcément dès que les règles sont les mêmes pour tous. Dans la société,
certaines différences, en effet, sont des causes d'inégalité,
c'est-à-dire qu'elles rendent plus difficile l'accès aux droits fondamentaux :
le handicap physique ou mental, par exemple, limite la liberté de mouvement ; la
pauvreté et l'illettrisme empêchent souvent de connaître ses droits, donc de les
exercer. À ces difficultés réelles s'ajoutent les effets de la
discrimination, c'est-à-dire de l'attitude de rejet à l'égard des
différences.
La lutte contre les inégalités, dans tous les domaines,
est donc indispensable. Souvent, pour compenser les inégalités, la loi doit
fixer des règles qui ne sont pas tout à fait les mêmes pour tous, et qui
favorisent ceux qui sont le plus en difficulté. La loi agit aussi contre les
discriminations en les punissant. Mais la loi ne peut créer ainsi qu'une égalité
des chances : ceux qu'elle protège doivent encore être informés, parfois aidés,
pour pouvoir saisir cette chance. D'où l'importance des actions de
solidarité de la part des associations et des citoyens, c'est-à-dire de
chacun d'entre nous.
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